samedi 2 août 2014

La « science » de la séduction


Existe-t-il des méthodes « scientifiquement validées » pour séduire ? Des expériences de terrain repèrent certains comportements efficaces. Vers l'ébauche d'un « manuel de la séduction » ?

     D'innombrables guides, coachs ou voyantes prétendent détenir – et livrer – la recette de la séduction. Et les scientifiques, qu'en disent-ils ? Se sont-ils intéressés à la question ? Sans prétendre que la séduction soit une science, les psychologues montrent que si l'imprévu règne en maître, il existe quelques façons d'optimiser ses chances, en commençant par se poser les bonnes questions : où, comment et avec l'aide de qui ?

    

Tromper le cerveau de l'autre:

     Toute romance a son cadre, toute histoire son décor. En matière de séduction, l'environnement joue un rôle crucial. Il peut notablement influencer le degré d'attirance à l'égard d'une personne inconnue. Vous êtes-vous demandé, par exemple, pourquoi les garçons aiment emmener les filles sur une moto, ou voir un film à suspense au cinéma ?
Ces vieilles méthodes, toujours efficaces, fonctionnent d'après un principe nommé erreur d'attribution. Il est possible d'en donner des variantes une fois qu'on en a compris le principe. L'erreur d'attribution est un mécanisme psychologique identifié dès 1974 par les psychologues Donald Dutton et Arthur Aron de l'Université de Colombie-Britannique à Vancouver au Canada. Ces psychologues avaient réalisé une expérience où ils demandaient à des hommes âgés de 18 à 35 ans de traverser seuls soit un pont constitué de planches de bois suspendues au-dessus d'un canyon, soit un pont stable et rassurant.
Une jeune femme ou un jeune homme, sous prétexte d'une étude sur l'expression artistique, abordait l'homme sur l'autre rive et lui demandait de répondre à un questionnaire diversifié, parmi lequel se glissaient quelques questions portant sur la sexualité. À la fin, la personne qui menait l'enquête proposait à l'homme d'obtenir plus d'informations sur l'étude et lui remettait son numéro de téléphone pour qu'il puisse l'appeler. Les scientifiques mesuraient alors combien de ces personnes recontactaient l'enquêteur ou l'enquêtrice. Les résultats ont montré que les réponses aux questions à caractère sexuel étaient plus nombreuses chez les personnes ayant traversé le pont suspendu en planches. En outre, l'enquêtrice (et non l'enquêteur) a été appelée près de cinq fois plus lorsque l'enquête se faisait après le passage sur le pont suspendu...
Ainsi, la traversée du pont suspendu présente une forte connotation émotionnelle – la peur ou l'excitation due au danger –, ce qui modifie les paramètres physiologiques et provoque des réactions (accélération du rythme cardiaque, contractions musculaires, réactions viscérales, transpiration, libération d'adrénaline), que l'on retrouve dans les états d'excitation sexuelle ou amoureuse. Le cerveau considérerait que la personne de sexe opposé qui attend à la sortie du pont est la cause de ces perturbations physiologiques. C'est la raison pour laquelle ce mécanisme confusionnel a été nommé « erreur d'attribution ».

L'amour sur les montagnes russes

Mais les ponts suspendus sur les rivières sont plutôt rares dans les villes. Dès lors, comment susciter des sensations fortes susceptibles d'être interprétées comme le signe d'un amour naissant ?...

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