jeudi 31 juillet 2014

Identifier les émotions chez autrui

         Si quelqu’un de notre entourage semble faci- lement détecter nos émotions, cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne pense qu’à notre bien. Bien qu’une aptitude à reconnaître les émotions d’autrui semble être liée au souci envers autrui et à l’empathie, certaines personnes pourraient utiliser ces compétences pour manipuler les autres. 

         Des chercheurs de l’Université du Michigan, de la Ohio State University (Etats-Unis) et de l’Université catholique de Louvain (Belgique) ont étudié les relations entre plusieurs dimensions du narcissisme (incluant la tendance à manipuler et à exploiter autrui), les capacités d’empathie et la reconnaissance émotionnelle. Ces personnes qui présentent des scores élevés sur un type de narcissisme appelé « exploitativeness » (tendance à exploiter, soit des « exploiteurs ») démontrent une plus grande facilité à manipuler les autres et à leur faire faire ce qu’ils veulent. Les résultats de l’étude indiquaient que les « exploiteurs » identifiaient les émotions des autres aussi bien que les participants qui avaient des scores élevés sur une échelle qui mesure l’empathie (qui constitue un aspect de l’intelligence émotionnelle). Le fait d’être doué pour identifier les émotions d’autrui impliquerait donc chez certains un souci de mieux comprendre leur détresse pour leur venir en aide, mais chez d’autres il s’agirait d’une motivation à décoder ces émotions pour ensuite les manipuler. Dans ce cas, montrer sa détresse à une personne qui score haut dans cette tendance narcissique à exploiter autrui lui signalerait notre vulnérabilité. Ces « exploiteurs » détecteraient donc mieux les personnes qui sont fragilisées pour mieux les abuser. Pour la première étude, une centaine d’étudiants a complété un test comprenant 17 images d’expressions émotionnelles diverses. Chaque participant devait reconnaître l’état émotionnel correct de la personne. Dans la deuxième étude, 88 adultes ont dû identifier 20 expressions faciales émotionnelles, tirées d’un test standardisé qui mesure la capacité de reconnaissance émotionnelle. Dans les deux cas, les «exploiteurs » identifiaient mieux les émotions négatives d’autrui. 
        Ces deux études sont les premières à montrer une relation cohérente entre la tendance narcissique à exploiter les autres et l’intelligence émotionnelle élevée. Elles contribuent à de futures recherches  visant à examiner les éventuels côtés obscurs de l’intelligence émotionnelle.

Une substance pour retarder les pertes de mémoire

         Avec l’âge, les capacités de la mémoire peuvent être altérées. Des chercheurs du cluster Neurocure de Berlin (Allemagne) et de l’Université Karl-Franzens de Graz (Autriche) ont démontré qu’une substance naturelle, la spermidine, pourrait être une solution à cette diminution de la mémoire. 

         Chez l’homme, la capacité à mémoriser diminue vers cinquante ans, et ces difficultés s’accélèrent avec l’âge. Le déclenchement de la démence serait lié à l’agrégation de protéines. Celles-ci s’accumulent au cours du temps dans les cerveaux d’espèces telles les mouches, les souris et également les humains.
         La spermidine, qui se trouve dans le corps humain, ainsi que chez de nombreux animaux, augmen- terait les performances cognitives de personnes atteintes de maladies liées à la mémoire. Stephan Sigrist (Université libre de Berlin) et Frank Madeo (Université Karl-Franzens de Graz) ont montré que cette molécule avait un rôle d’autophagie en déclenchant un processus de nettoyage au niveau cellulaire. L’introduction de petites quantités de spermidine fait diminuer de façon significative la quantité d’agrégats de protéines dans les cerveaux des animaux concernées, et les capacités de mémorisation sont accrues.
         Désormais, les chercheurs s’attachent à voir s’il est possible de retarder l’apparition de la démence avec l’injection de spermidine. Les études des patients sont leur prochaine cible.

Des tablettes numériques pour prévenir les maladies.

       Des chercheurs de l’Université Technique de Riga ont mis au point un kit médical qui permet de détecter des maladies chez des patients n’ayant pas de symptômes apparents. 


       Dans un premier temps, les patients répondent à un questionnaire interactif sur une tablette numérique. Les questions sont basiques et portent sur les différentes parties du corps du patient. La tablette numérique analyse alors les résultats, en prenant en compte l’historique du patient, ses données à caractère héréditaire, ainsi que de possibles facteurs de risque. Dans un second temps, plusieurs mesures sont relevées chez le patient : pression sanguine, tension, dimensions corporelles, poids, indice de masse corporelle, électrocardiogramme, ls et auditifs. Des analyses d’urine, de cholestérol et du taux de glucose dans le sang sont aussi effectuées. Un programme a par ailleurs été développé pour obtenir les données anthropométriques du patient à partir d’une photographie prise par une caméra USB. 
        L’ensemble des informations est ensuite envoyé par télétransmission dans une base de données du centre d’analyse de l’Université Technique de Riga. Un ordinateur effectue alors l’analyse numérique des données du patient. Les résultats sont confirmés ou réexaminés par des spécialistes. 
       Ce kit présente par ailleurs un aspect pratique non-négligeable : l’ensemble du matériel nécessaire pour ces analyses prend peu de place et se transporte aisément.

Des scientifiques découvrent la région du cerveau qui nous aide à choisir

        Une des plus petites parties du cerveau vient d’être reconsidérée après qu’une nouvelle recherche suggère qu’elle joue un rôle crucial dans la prise de décision. 

        A l’Université de Colombie-Britannique (UBC), au Canada, une étude explique que la habenula latérale, une région du cerveau liée à des comportements de dépression et d’évitement, a été largement sous-estimée et peut jouer un rôle primordial dans les décisions. « Ces résultats précisent les processus cérébraux impliqués dans les décisions importantes que nous prenons sur une base quotidienne, comme choisir entre des offres d’emploi, décider quelle maison ou quelle voiture acheter », expliquent les chercheurs. « Ces résultats suggèrent également que la communauté scientifique a mal compris le fonctionnement réel de cette mystérieuse, mais très importante, région du cerveau. » 
       Dans cette étude, les scientifiques ont entraîné des rats de laboratoire à choisir entre une petite récom- pense régulière (une boulette de nourriture) ou une récompense potentiellement plus importante (quatre boulettes de nourriture) mais survenant de manière irrégulière. Comme les humains, les rats ont tendance à choisir des récompenses plus impor- tantes lorsque le coût - dans ce cas, le temps qu’ils ont dû attendre avant de recevoir la nourriture - est faible, et préfèrent les petites récompenses si ces risques sont plus élevés.
        Des études antérieures suggéraient que l’arrêt de la habenula latérale entraînerait plus fréquemment les rats à choisir la plus grande et la plus risquée des récompenses, mais ce n’est pas le cas. Au lieu de cela, les rats choisissent l’une ou l’autre option au hasard, ne montrant plus la capacité de faire les meilleurs choix pour eux. Ces résultats ont des implications importantes pour le traitement de la dépression.

Comment le cerveau voit la profondeur du monde

         Des chercheurs de l’Institut Italien de Technologie (IIT) à Rovereto (Trente-Italie) ont découvert que la manière dont les informations visuelles sont traitées est influencée par la capacité de saisir des objets avec ses bras, et par conséquent par la taille des membres : si nos bras étaient plus ou moins longs, le cerveau réadapterait rapidement sa capacité à interpréter les stimuli sensoriels. 

       « Notre étude montre que les informations obtenues grâce à l’interaction avec le monde qui nous entoure sont importantes dans la constante d’étalonnage des processus sensoriels », explique Robert Volcic, chercheur au IIT. « Elle fournit également des indices sur les mécanismes qu’adoptent les systèmes sensoriels pour compenser les changements corporels pendant l’ontogenèse, c’est à dire lors de l’évolution biologique de l’organisme ».
       Les résultats ont montré que le rôle de ces processus d’adaptation est d’optimiser la perception visuelle, à une distance pour laquelle l’esti- mation correcte de la profondeur est absolument nécessaire : lorsque les objets sont manipulés, explorés et saisis. « Nos résultats sont d’une importance fondamentale pour comprendre comment le cerveau extrait la profondeur des objets visuels en trois dimensions », ajoute Fulvio Domini, coordinateur du groupe de recherche, « la découverte pourrait avoir des applications dans le développement de robots inspirés par la biologie et pour l’étude de prothèses et des techniques de rééducation ».

Un smartphone pour la recherche de victimes d’avalanches

         Le Détecteur de Victimes d’Avalanches (DVA) est un dispositif électronique émetteur/récep- teur permettant de localiser une victime d’ava- lanche, si celle-ci est porteuse d’un appareil semblable. Ce type d’appareil a un coût non négligeable, généralement entre 200 et 500 euros. Des chercheurs bavarois (Institut Fraun- hofer de flux de matériels et de logistique de Prien) ont développé un système basé sur les smartphones… 

        Les travaux ont été menés en collaboration avec l’entreprise ProTime, Volmer Informationstechnik, et le département de génie électrique et TIC de l’Université de sciences appliquées de Rosenheim (Bavière). Le système, appelé Galileo-LawinenFon, consiste à connecter au smartphone un petit dispositif et à installer une application, compatible avec la plupart des mobiles récents. Le dispositif comprend une antenne de champ magnétique 3D, un convertisseur analogique-numérique, un récepteur de navigation par satellite, des accéléromètres ainsi qu’une batterie de réserve. Tout comme les appareils classiques, le système dispose d’un mode émetteur et récepteur. Un signal électromagnétique est détecté sur le smartphone du secouriste. Toutefois, dans le nouveau dispositif, le récepteur capte le signal en 3D, accélérant les recherches en indi- quant au secouriste la position de l’appareil enseveli (évitant une fastidieuse recherche en croix ou directionnelle). De plus, ces informations sont croisées avec des données de géolocalisation satellite, combinant les signaux reçus des systèmes américain (GPS), russe (GLO- NASS) et européen (GALILEO), afin d’améliorer la précision de la recherche. 
        Le système se veut moins onéreux et plus précis que le traditionnel ARVA. Des essais ont montré que l’appareil a une précision de l’ordre du centimètre. Il est attendu que la solution proposée arrive sur le marché d’ici deux à trois ans, date à laquelle le système GALILEO devrait être opérationnel. D’ici là, les chercheurs souhaitent augmenter la zone de réception de l’appareil, qui se situe aujourd’hui autour de 30 mètres.

La dépendance au tabac renforcée chez les porteurs d’une mutation génétique.

       Lorsque le tabac est consommé, la nicotine qu’il contient se fixe aux récepteurs nicotiniques, ce qui entraîne l’activation du « circuit de la récompense ». 

        Il s’agit d’un système neuronal, qui dans un état fonctionnel normal, favorise entre autres la sensation de bien-être de l’individu. C’est l’effet de la nicotine sur le cerveau qui comble le manque ressenti par les fumeurs en cas de privation de tabac. En conséquence, la consommation de tabac d’un individu est fortement liée à la sensibilité de ces récepteurs nicotiniques.

         Des chercheurs de l’Insti- tut Pasteur, du CNRS et de l’UPMC (Université Pierre et Marie Curie) viennent de faire une découverte qui prouve que la dépendance au tabac peut être influencée par le patrimoine génétique de l’individu. Chez la souris, les chercheurs ont montré qu’une mutation génétique avait pour conséquence d’abaisser fortement la sensibilité à la nicotine. Les porteurs de cette mutation ont donc besoin d’une dose de tabac plus importante pour obtenir la même quantité de plaisir qu’un individu non porteur de cette mutation (environ 3 fois supérieure). 
        La mutation caractérisée par les chercheurs affecte une partie du récepteur nicotinique. Lorsqu’elle est présente, le fonctionnement de ce dernier est perturbé et le « circuit de la récompense » est en conséquence partiellement inactivé. Cette mutation est fréquente chez l’homme, d’autres études suggèrent qu’elle est présente chez 35% des européens et près de 90% des gros fumeurs.

        Ces découvertes ouvrent la voie au développement de traitements de sevrage "personnalisés", destinés aux individus porteurs de cette mutation génétique. 

Les réseaux sociaux nous rendent plus intelligents

        Le secret de pourquoi certaines cultures se développent et d’autres disparaissent pourrait être lié à nos réseaux sociaux et à notre capacité à imiter, plutôt que résider dans nos intelligences individuelles… 

        Selon une nouvelle étude de l’Université de Colombie Britannique (Canada), lorsque les personnes sont capables d’observer et d’apprendre à partir d’un large éventail d’enseignants, les groupes, plutôt que chaque individu, peuvent mieux maintenir leurs compétences techniques et sont même capables d’augmenter la compétence moyenne du groupe au cours des générations successives.
        Les résultats montrent qu’une taille de population plus importante et l’existence de liens sociaux sont cruciaux pour le développement de technologies plus sophistiquées et de connaissances culturelles.
« C’est la première étude qui montre en labora- toire de recherche ce que les archéologues et les théoriciens de l’évolution ont longtemps suggéré, à savoir qu’il existe un lien important entre la sociabilité  d’une société et la sophistication de sa technologie » expliquent les chercheurs. 
        Pour l’étude, les participants ont été invités à apprendre de nouvelles compétences et ensuite à transmettre ce qu’ils ont appris à la prochaine « génération » de participants. Les groupes qui avaient davantage accès à des experts ont acquis beaucoup plus de compétences que les autres. En dix  « générations », chaque membre du groupe lié à plusieurs enseignants a finalement acquis des compétences beaucoup plus solides que ceux du groupe qui n’était en lien qu’avec un seul mentor. Aussi, les groupes qui avaient un plus grand accès à des experts ont conservé leurs compétences beaucoup plus longtemps. 
        Selon les chercheurs, cette étude pourrait avoir des applications importantes dans plusieurs domaines, du développement des compétences et de l’éduca- tion à la protection des langues en voie de dispa- rition et aux pratiques culturelles.

Programmer son cerveau pour être plus heureux

        Les psychologues se sont toujours très intéressés au bonheur, contrairement aux neuroscienti- fiques, qui se focalisent plus sur les maladies neuronales. Cependant, les neuroscientifiques, qui étudient la dépression, étudient donc en quelque sorte les problèmes liés à la tristesse et au bonheur. 


        Les neurosciences peuvent également aider à expliquer le bonheur qui est, cependant, relatif car le cerveau fait une « adaptation hédoniste ». C’est-à- dire que si quelque chose « de bien » survient, nous devenons plus heureux, et si quelque chose «de mal» survient, nous devenons plus malheureux. Mais le cerveau fera toujours une mise à niveau et le niveau de joie revient toujours à une valeur normale. Cependant, tout le monde n’a pas les mêmes capacités à appréhender le bonheur de la même manière.
     
          Les facteurs génétiques semblent important dans la réaction des individus face au bon- heur. Zachary Mainen a étudié la psycholo- gie et la philosophie, puis s’est dirigé vers les neurosciences. Il dirige le programme de Neurosciences de la Fondation Champa- limaud, à Lisbonne (Portugal). Il explique qu’il y a pourtant différentes manières de reprogrammer notre cerveau.
   
 La première, la plus connue et la plus an- cienne, est de parler avec un spécialiste, dans le cadre d’une psychanalyse ou psy- chothérapie. Cette reprogrammation peut être suffisante mais pas toujours, et c’est làqu’intervient la deuxième manière de reprogram- mer notre cerveau : la voie médicamenteuse, par exemple le « Prozac, qui agit sur des systèmes définis de notre cerveau, même si son fonctionne- ment reste très basique ». En troisième position, il y a la méditation et toutes autres formes d’activi- tés qui nous reprogramment en nous rendant plus heureux. Enfin, il y a les jeux et les programmes informatiques qui sont conçus pour nous élever spirituellement et qui reproduisent quelque chose de similaire à ces changements comportementaux. Par exemple, les interactions que nous avons avec notre boîte mail ou notre compte Facebook nous affectent. Ces programmes n’ont pas été conçus pour nous rendre plus heureux mais ils le font d’une certaine manière.
     
       Quand en ouvrant notre boîte mail et qu’il y a un courriel de quelqu’un que nous aimons, cet acte est considéré comme étant une récompense. Le même phénomène survient avec les jeux vidéo. Nous devenons dépendants de ces petites récom- penses, qui sont similaires à des petites doses de drogues. Beaucoup de personnes confondent ses récompenses avec le bonheur. Comment changer ce fait ? Est-il possible de penser d’une manière plus élevée ?


      De plus, notre environnement est également source de tristesse et de déception car les personnes com- parent toujours leur bonheur à celui des autres. Nous serons plus heureux si nous gagnons beau- coup d’argent et que notre entourage gagne moins. Mais, encore une fois, la récompense domine cette forme de bonheur. Mais choisir son métier en fonction de ses intérêts et non en fonction de la rémunération et donc de la récompense, nous rendra plus heureux.
     
      Finalement, le bonheur a beaucoup à voir avec le fonctionnement de la société et les relations sociales. Deux collègues de Zachary Mainen ont mené des études sur le bonheur. Ils ont conclu que pour chaque ami heureux dans notre entourage, nous sommes 10% plus heureux. Si les amis de nos amis sont heureux, là en- core, nous avons plus de chances d’être heureux. Les personnes heureuses ont tendance à se regrouper. En voulant être plus heureux, nous nous entourons de personnes plus heureuses.